Mirabel

Israel | Royaume de Jerusalem

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Toponymes connus

  • Mirabel
  • Mirabellum Latin
  • Mejdel Yaba - Meǧdel Yābā / مجدل يابا Arabic
  • Mejdel Sadiq - مجد الصديق Arabic
  • Migdal Afek - מגדל אפק‎ Hebrew Contemp.

Description

Français

Histoire

Situé sur un petit tertre dominant la route reliant Jérusalem à Césarée puis Acre, Mirabel – aujourd’hui Mejdel Yâbâ – constituait le cœur d’une riche baronnie franque au XIIème siècle.

La seigneurie fut attribuée en 1134 par le roi Foulque d’Anjou à Balian le Français, seigneur par alliance de Ramla et futur sire d’Ibelin. Au cours des dix années qui suivirent sa mise en possession, Balian établit sur cette éminence la citadelle de Mirabel, renforçant ainsi la défense de ses terres, mais également les abords du port de Jaffa.

Les premiers faits militaires concernant Mirabel sont assez curieux pour être narrés. Ils interviennent peu après le couronnement jeune roi Baudouin III en mars 1152. Ce dernier, mineur au moment de la mort tragique de son père, dû s’effacer pendant six longues années derrière sa mère, la reine Mélisende. S’étant attaché de fidèles alliés durant sa régence – et pas des moindre : Manassé d’Hierges, connétable du royaume, et Foucher d’Angoulème, patriarche de Jérusalem – l’intraitable reine ne fut pas disposée à restituer ce pouvoir qu’elle avait appris à aimer lorsque son fils parvint à l’âge d’homme.p. Populaire auprès des populations locales – probablement du fait qu’il était le premier roi de Jérusalem à être né en Terre Sainte – et des barons qui voyaient d’un mauvais œil la remise en cause des droits monarchiques, le jeune Baudouin prit la décision de récupérer le pouvoir royal de vive force. Appuyé en cela par son mentor Onfroi II de Toron, il réunit son armée et partit assiéger le principal soutien militaire de Mélisende, Manassé d’Hierges. Ce dernier, homme vaniteux et méprisable, s’était lié à la veuve de Balian Ier d’Ibelin et avait fait de Mirabel sa résidence principale. C’est donc logiquement sous les murs de cette citadelle, que Baudouin décapita le complot ourdi contre sa personne. Il mena si bien ses forces que rapidement, la place capitula. Le connétable félon fut expulsé du royaume, et la citadelle de Mirabel revint alors entre les mains d’un véritable descendant de Balian d’Ibelin.

Les chroniques franques font une nouvelle fois mention de Mirabel au mois de novembre 1177, qui vit la multitude des armées de Saladin fondre sur la Palestine. Conscient de l’effroyable danger qui guettait les terres du royaume, le comte Baudouin de Ramla avait décidé de faire évacuer villes et villages afin d’offrir aux habitants du pays la protection de ses forteresses, parmi lesquelles figurait Mirabel. Saladin n’eut finalement pas le temps d’investir sérieusement ces places puisqu’il fut outrageusement vaincu à Montgisard par la charge héroïque de l’arrière ban du royaume, menée de main de fer par celui qui devait quelques années plus tard précipiter sa chute, Renaud de Châtillon.

Dix années passèrent, et Saladin, tenant sa revanche à Hattin, envoya ses lieutenants s’emparer de toutes les places fortes franques désormais dépourvues de défenseurs. Ce fut Malik al-Adil, le propre frère de Saladin qui, arrivant d’Egypte, s’empara de Mirabel encore aux mains de la famille d’Ibelin.

La place fut rétrocédée aux Francs le temps des quelques traités qui rattachèrent un demi siècle encore la terre de Palestine au royaume d’Acre, avant que les Mamelouks ne s’en emparent définitivement.

Les vestiges croisés sont encore largement visibles, même s’ils sont aujourd’hui pour leur plus grande partie masqués par les ajouts que les Ottomans portèrent à la forteresse au XVIIIème siècle, afin d’en faire la base d’une de leurs garnisons. Le plan général de ce castrum typique aux tours d’angle est parfaitement lisible. A noter le remarquable état de conservation de la tour nord-ouest, ainsi que les restes du donjon franc apparaissant par endroits dans la cour intérieure et ce malgré l’enveloppe de magasins et de chambres qui lui furent accolées.

La différence de maçonnerie employée par les Latins et les Turcs est assez nette et permet d’identifier facilement les origines des différentes parties de l’édifice. On pourra remarquer la présence d’une pierre portant une inscription ‘martyrium de Saint Kyrikos’ traduisant le réemploi de certains matériaux pour l’édification de la fortification franque.